La réforme des semences de l'UE sous la loupe : Analyse des critiques et des préoccupations des membres du CEPALC

Discussions sur le nouveau règlement de l'UE sur les semences - Perspectives des membres de l'ECLLD

Le 5 juillet 2023, la Commission européenne a proposé une réforme complète du droit des semences dans le but de mettre à jour la législation sur la production et la commercialisation du matériel de reproduction végétal (MRP). Bien que cette proposition vise à améliorer le cadre réglementaire et à soutenir l'agriculture durable, elle a suscité des débats et des inquiétudes parmi les parties prenantes quant à son impact potentiel sur la gestion de l'agrobiodiversité.

Les points clés de la réforme ont été résumés par le Réseau Semences Paysannes (RSP) et sont disponibles. ici (en français)

Inquiétudes concernant la réforme des semences de l'UE

Arche Noah, un éminent défenseur de la diversité des cultures, a récemment publié une note d'information décrivant comment la proposition de règlement européen sur les semences pourrait poser des problèmes pour la préservation et l'échange de semences diverses.

La législation proposée rendrait impossible la mise en place d'une "infrastructure de semences" pour l'agriculture durable, car elle restreint la conservation et le développement de la diversité et repousse l'innovation locale.

Briefing Arche Noah

Voici les principaux points soulevés par l'Arche Noah dans son exposé :

  1. Restriction sur le transfert de la diversité des plantes cultivées : Le règlement proposé restreint le libre transfert des ressources phytogénétiques à des fins de conservation, en introduisant des obstacles bureaucratiques qui empêchent les agriculteurs et les organisations de semences de préserver et de vendre la diversité menacée.
  2. Absence de mise en œuvre du droit des agriculteurs aux semences : La proposition introduit des restrictions arbitraires pour les agriculteurs, limitant leur capacité à échanger et à vendre leurs propres semences, ce qui va à l'encontre de leur droit internationalement reconnu de conserver, d'utiliser et d'échanger des semences.
  3. Mesures inadéquates pour élargir l'accès aux diverses variétés : Si la proposition supprime les restrictions à la commercialisation des diverses variétés, elle introduit des exigences peu pratiques qui pourraient empêcher les petits producteurs de mettre ces semences à disposition.
  4. Manque d'intérêt pour l'agriculture durable : L'approche de la proposition en matière d'essais de semences ne permet pas de garantir la durabilité, car elle n'impose pas d'essais dans des conditions biologiques ou à faible niveau d'intrants.
  5. Impact positif sur les jardiniers amateurs : La proposition prévoit des dérogations pour les jardiniers amateurs, autorisant l'échange et la vente de semences privées sans certification obligatoire des variétés, reconnaissant ainsi leurs besoins et intérêts particuliers.

Le briefing complet est disponible ici

En outre, l'association faîtière pour la diversité des cultures et du bétail dans les pays germanophones (Dachverband Kulturpflanzen- und Nutztiervielfalt e.V.) a également exprimé, dans un communiqué de presse, de vives inquiétudes quant aux lacunes de la proposition et à ses incidences négatives potentielles sur la préservation de la biodiversité.

L'objectif de la Commission européenne de conserver la diversité des plantes agricoles grâce à la nouvelle législation sur les semences est le suivant
Toutefois, la proposition de la Commission européenne présente des lacunes si importantes qu'il est impossible d'y remédier.
probablement même conduire au contraire à une perte de la biodiversité

Susanne Gura - Dachverband Kulturpflanzen- und Nutztiervielfalt e.V.

Susanne Gura, représentante du Dachverband Kulturpflanzen- und Nutztiervielfalt e.V., souligne les préoccupations suivantes :

  1. Exemptions limitées pour la conservation de la diversité : Les exemptions pour la conservation de la diversité ne s'appliquent qu'aux réseaux et organisations formels, négligeant le rôle des individus tels que les jardiniers et les agriculteurs dans la conservation au sein de l'exploitation.
  2. Défis posés par les variétés non enregistrées et la conservation des semences : L'obligation de s'enregistrer en tant qu'exploitant peut décourager les pratiques de conservation des semences, ce qui a un impact sur les efforts de conservation dans les jardins familiaux et les petites exploitations agricoles.
  3. Restriction des droits des agriculteurs à vendre des semences de ferme : La proposition interdit aux agriculteurs de vendre des semences de variétés diverses, ce qui pourrait nuire à la conservation de la biodiversité.
  4. Désalignement par rapport aux objectifs internationaux : Le règlement proposé pourrait ne pas s'aligner pleinement sur les objectifs internationaux en matière de ressources phytogénétiques et de droits des paysans.
  5. Appel à une législation adéquate pour encourager les travaux de conservation : L'association exhorte les gouvernements à mettre en place une législation adéquate qui encourage les agriculteurs et les jardiniers à poursuivre les travaux de conservation à la ferme, à préserver le patrimoine culturel et à soutenir l'agriculture face au réchauffement climatique.

Le texte intégral du Dachverband Kulturpflanzen- und Nutztiervielfalt e.V. est disponible à l'adresse suivante ici

La coordination européenne Libérons la diversité ! (ECLLD) continue de faciliter les discussions et les échanges sur la nouvelle réforme des semences de l'UE. Restez à l'écoute pour des mises à jour régulières.

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Gabriele

Gabriele Maneo est agronome et possède plus de 10 ans d'expérience dans l'élaboration, la gestion et l'évaluation de programmes de développement international dans le domaine du développement rural, de la nutrition et des systèmes alimentaires.